Contre les déserts médicaux

Le 17 Janvier 2023, un groupe de parlementaires, de l’assemblée nationale déposait une proposition de loi contre les déserts médicaux. Après le refus de créer une commission spéciale pour travailler sur ce sujet, le projet est arrivé dans l’escarcelle de la commission des affaires sociales. Autrement dit, l’horloge va tourner longtemps avant qu’il y ait un quelconque débat sur la question. ” Notre texte n’est toujours pas inscrit à l’ordre du jour de nos travaux à l’assemblée nationale” regrettera Gérard Leseul lors de cette soirée consacrée à la question des déserts médicaux organisée par le parti socialiste, section Mont Saint Aignan vendredi 17 Novembre à la maison des associations de la ville.

Au programme de cette rencontre, Un médecin généraliste et 3 parlementaire invités : Annie Vidal ( Macroniste), Gérard Leseul ( Parti Socialiste) et Hubert Wulfranc (Parti Communiste). Dans la salle, peu de monde. Pas plus de 50 venus assister à cet échange. Regrettable après tant de battage médiatique sur cette soirée car on pouvait s’attendre à un moment d’échange de qualité. Sur ce point c’est mitigé. N’étant pas resté jusqu’à la fin, je ne peux donner une impression globale sur l’évènement. Cependant, pendant une heure trente, on peut dire que les braises de l’engouement à la participation de ce type de rassemblement, ne se sont pas rallumés ! Voilà 13 ans que je déserte ces soirées débats qui me parurent mortifères en 2010. Si tu voulais t’informer sur les déserts médicaux ce soir-là, il te faudra attendre 55 minutes. C’est le temps pris par Gérard Leseul ( 35 minutes) et Annie Vidal (20 minutes) pour parler de….l’assemblée nationale, se féliciter de leur travail de parlementaires, se congratuler de leur bienveillance et se rappeler en “toute humilité” de leurs anecdotes mutuelles évoquant les errances de leurs amendements . Franchement: Inintéressant ! Et surtout, 55 minutes de perdues pour un sujet qui méritait bien autre chose que de l’entre-soi.

Ouf ! Enfin, dirai-je, “cousin Hubert”, député communiste seinomarin replace le sujet au cœur de l’intervention sans vouloir ” créer de polémique” comme il aimera le rappeler très souvent. Le militant politique qu’il est avant tout chose ( il le rappelle souvent ) évoque son tour de Normandie des hôpitaux qu’il a réalisé avec d’autres élus au cœur de notre région. ” Il faut parler du vivant” souligne t-il. “La santé, c’est le plus important dans notre vie ! D’ailleurs en début de chaque année, on dit bonne santé…” Au fil de son intervention il embraye sur la notion de responsabilité sanitaire et de combat politique pour l’ensemble des parlementaires en évoquant l’idée du droit à toute personne de bénéficier de soins sans être obligée d’attendre des mois pour obtenir un rendez-vous. ” Il faut reconstruire une médecine de ville, de campagne et soutenir les hôpitaux publics” Une heure d’attente pour, enfin rentrer dans le sujet ! Il y a des habitudes qui sont difficiles à gommer dans le discours de certains parlementaires. Wulfranc a, n’en doutons pas, mis en jachère les tirades inutiles et les sujets abscons ! Le député termine son intervention en dénonçant vigoureusement la médecine scolaire qu’il définit comme “détruite” et regrette la situation des unités psychiatriques de moins en moins soutenues par l’état. Pendant 20 minutes, on assistera à un réquisitoire sans équivoque contre une situation sanitaire en France pour laquelle il proposera deux solutions : Allez vers une installation dirigée des futurs médecins généralistes et annuler les exonérations des cotisations sociales des grandes sociétés. Ca c’est dit ! Le job est fait ! Merci !

Pour remplacer l’absence excusée de Phillipe Brun, député socialiste, les organisateurs ont convié une représentante de l’ A.P.S.A.R (association des professionnels de santé de l’agglomération rouennaise) qui nous a dressé un existant plus que réaliste de la situation médicale de la seine maritime en évoquant également l’actualité nationale. Résolument opposée à cette volonté de forcer les futurs généralistes à s’installer là où il y a un besoin, l’interlocutrice a dressé une situation préoccupante de ses collègues évoquant des “burn-out” récurrents et surtout venant de collègues réputés pourtant pour leur fortes résiliences. Sur un ton mêlant inquiétude et combativité, elle a témoigné de l’importance de la création de cette association qui a permis la mise en place de 4 centres de vaccinations pendant la crise covid.

Je devais m’éclipser à 22 heures pour répondre à d’autres obligations. Il est regrettable de devoir encore se fader en 2023 à l’heure ou l’action politique est en crise et où le populisme prend le pas sur l’engagement politique réfléchi, presqu’une heure de déblatérations qui n’intéressaient que les personnes qui les prononçaient. Annie Vidal et Gerard Leseul ont été hors-sujet dans ce rendez-vous privilégiant les petites anecdotes intra-parlementaires et retardant, du coup, le vrai intérêt de ce genre de débat. Hubert Wulfranc et la représentante de l’association ASPAR qui aurait dû être la première intervenante pour lancer de façon positive une soirée qui aurait pu être passionnante ont sauvé “willy” . Malgré tout, remercions les organisateurs de cette rencontre car en ces temps compliqués, il est très difficile de se motiver pour s’investir dans une telle organisation. C’est toujours facile de critiquer. Je sais que je peux paraître ingrat dans cet article mais c’est comme cela que je l’ai vécu. Il ne s’agissait pas d’être dans une écriture partisane, vous l’aurez compris ! Voila que je me justifie à présent! Je me ramollis !

Frédéric Quillet

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